L’assassinat par deux jeunes djihadistes du père Hamel le 26 juillet 2016 à Saint-Étienne-du-Rouvray, précédé par l’attentat de Nice, a saisi d’effroi l’opinion publique. Dépassant la colère et le désir de vengeance, des chrétiens et des musulmans ont assisté ensemble à la messe dominicale. Comment comprendre qu’un acte aussi barbare et des gestes aussi fraternels puissent être tous commis au nom de la religion ?
François Euvé interroge ce paradoxe. Réduire les crimes des djihadistes à des causes sociales masque ce qui, dans leur rapport au Coran, les conduit à commettre l’ignoble en invoquant Allah. En conclure que l’islam est intrinsèquement violent est aussi réducteur.
La question majeure est celle de Dieu : est-Il un être omnipotent dont la volonté s’impose aux hommes au mépris de leur liberté et de leur dignité ou fait-Il place à la raison humaine ? L’interrogation dépasse l’islam et touche toutes les religions. Après un xxe siècle où la violence de masse avait des motivations a-religieuses (la « race supérieure », « l’homme nouveau »), pourrait survenir un xxie siècle où, mue par un vertige fondamentaliste, la barbarie serait commise au nom de Dieu.
Loin de se résigner à cette perspective tragique, cet essai stimulant invite à reconsidérer le rapport des religions à la vérité. Et si, au lieu d’être chosifiée comme une idole, la vérité se faisait dans le dialogue, en marchant avec l’autre, qu’il croie ou non en Dieu ?