C'est toujours maman qui découvrait les cartes postales que mon père m'envoyait des villes où le menaient ses pérégrinations de voyageur de commerce ; elle qui les rangeait sur la cheminée pour donner à nos rares visiteurs l'illusion qu'il se préoccupait de nous. Jusqu'au jour où je me suis précipitée pour ramasser le courrier. C'était une carte de Florence. J'ai vu le tremblement de sa lèvre quand j'ai lu au verso de la carte : « Tu me manques, ma petite fille. Je promets de t'amener ici pour te montrer toutes ces beautés. Avec ta maman, si elle se souvient... Au revoir Lisa. Papa. »
Je m'appelle Lisa en souvenir de la Pensione Mona Lisa, près de la gare Santa Maria Novella, à Florence où mes parents avaient passé leur lune de miel. Je l'ignorais, comme j'ai toujours ignoré la vérité celée de ma naissance, ce non-dit qui a érigé entre eux un mur de mensonge qu'il me revient à présent de déconstruire pierre à pierre.