Le 27 mai 1918, à quelques kilomètres du Chemin des Dames, Joë Bousquet est atteint à la colonne vertébrale par une balle allemande. À peine âgé de 21 ans, il perd l'usage de toute la partie inférieure de son corps. Que faire de la vie qu'il lui reste ?
Alité pour le reste de ses jours dans la maison familiale du 53, rue de Verdun, à Carcassonne, il tisse à travers l'écriture et la lecture une autre forme de présence au monde. « J'envie parfois, lui écrit Jean Paulhan, votre divination et cette étrange rapidité qui vous fait traverser d'un coup ce qui me demeure opaque. »
De 1925 à 1950 arrivent dans la chambre aux volets clos toutes les grandes oeuvres qui se publient alors. Écrivant sur tous ces livres, c'est sa propre vie qu'il écrit. Retrouvées dans leur profonde unité, ces lectures publiées en revue constituent tout à la fois un véritable journal de bord de ce reclus et le passionnant panorama d'une littérature en train de se faire - d'Aragon à Michaux, de Jouve à Valéry, de Daumal à Simenon.