Hormis les œuvres de Comte lui-même, rien n'a peut-être autant contribué à faire connaître le positivisme que cet opuscule. A la différence des autres grands classiques des études comtiennes, il ne s'agit pas d'un travail universitaire, ce qui n'a pas été pour rien dans son succès. L'auteur ne s'adresse pas aux seuls spécialistes, et offre, en deux cents pages, une vue d'ensemble qui, si elle demande à être corrigée sur bien des points, ne manque pas de mérites.
Pour qui ne connaît l'œuvre de Comte que par ouï-dire et s'en tient au sens actuel de positivisme, la lecture fera l'effet d'une découverte. La présence de Clemenceau au côté de Comte et de Mill témoigne de ce que la politique positive n'était pas moins importante alors que la philosophie positive. Si nos contemporains s'obstinent à refuser à Comte la place qui lui revient, c'est qu'ils ne savent que faire d'un penseur qui, n'étant ni révolutionnaire ni libéral, met en échec les schèmes classificatoires aujourd'hui en vigueur.
La présentation du Cours et du Système est accompagnée d'un examen critique. Depuis 1865, les temps ont bien changé, mais le débat entre les deux auteurs n'a rien perdu de son actualité.