Augustin
penseur de la raison ?
Consentius, un laïc des îles Baléares, apprenti en théologie, demande à Augustin dans un écrit qu'il lui adresse de l'éclairer au sujet du Mystère de la Trinité. L'intérêt de la réponse d'Augustin, contenu dans la Lettre 120 (2-3) qu'il s'agira ici de commenter d'une manière progressive, tout en sollicitant d'autres passages de l'oeuvre d'Augustin, réside manifestement dans le statut qu'il accorde à la « raison » dans ses rapports nuancés à la foi, à l'autorité, à l'intelligence, à la connaissance et à la vérité.
En quoi consistent exactement les enjeux philosophiques et théologiques de la réponse d'Augustin à Consentius ? Et en quoi la mise en évidence de tels enjeux permet-elle à l'homme d'aujourd'hui d'apprendre à mieux se connaître ? Le lecteur contemporain, habitué à une pratique et à un usage « autonomes » d'une raison critique libérée de toute dépendance ou de toute soumission à une autorité extérieure qui lui dicterait sa démarche et ses choix, sera peut-être étonné de découvrir les multiples facettes qu'Augustin assigne à la raison censée être assujettie à l'autorité de Dieu, des Ecritures, des saints, ou même de l'Eglise.
Une analyse suivie et un commentaire détaillé de cette Lettre 120 (2-3) a pour finalité de répondre à la question posée par le titre de l'ouvrage. Augustin est-il un penseur de la raison ? En quel sens le serait-il ? Minore-t-il le pouvoir de celle-ci ? Ou lui accorde-t-il une valeur incontournable dans sa recherche de Dieu ? De quelle façon ? Telles sont certaines des questions auxquelles le présent ouvrage tentera de répondre.