«je parle qui me parle
la tendresse est déjà
hors de l'atteinte du langage»
La quête des mots et des images à retenir pour l'écriture est oppressante.
Et leur pouvoir est illusoire, dans un monde dominé par des
substituts d'expression, aux valeurs approximatives. S'ils sont
formalisés avec une exigence croissante, les mots véhiculent aussi
plus d'angoisse :
«le poème est au bas du ventre
depuis le kyste de l'enfance
vitrine d'un murmure
ou de la peur arborescente»
Les anges et les dieux, appelés à l'aide, n'apportent pas de réconfort :
«béquilles pour les anges
aux rudesses impies
leur pâleur est un mythe»
Échapper à la mort, ou plutôt renaître par les mots, demeure une
tentation. Auparavant il convient de redonner à l'imaginaire et à
l'instinct leur place perdue afin de rompre avec les préjugés et les
interdits de nos sociétés dites développées. C'est la thèse défendue
par le sociologue Michel Maffesoli dans son livre récent «Le réenchantement
du monde» (La Table Ronde). Il y écrit notamment
«Le mot vivant et vécu devient parole retrouvée. On est ici au coeur
du réenchantement du monde.»