Chacun, par tradition religieuse ou culturelle, pense connaître l'histoire des origines du christianisme, n'ayant d'autre information que celle des écrits canoniques ou apocryphes, rédigés par les chrétiens eux-mêmes dans le souci non pas de léguer à la postérité une documentation de caractère historique, mais de témoigner de la foi qui était la leur.
Or, depuis un demi-siècle, la documentation tant archéologique que littéraire s'est enrichie, ouvrant des perspectives nouvelles : pour l'essentiel, sur le judaïsme, antérieur au christianisme ou son contemporain ; sur la pensée gnostique, postérieure aux écrits chrétiens qui deviendront canoniques ; sur l'environnement politique et religieux romain, au sein duquel s'est développée la pensée chrétienne jusqu'à ce qu'elle devienne la religion de l'Empire.
En sorte que la trentaine de spécialistes français et étrangers - archéologues, historiens, exégètes et biblistes - qui a rédigé cet ouvrage - lequel fait suite, dans la même collection, au Monde de la Bible (Folio histoire n° 88) - ne se pose plus la «question des origines». En lieu et place d'une fondation ou d'une création, l'historien du christianisme ancien n'observe qu'un ensemble de phénomènes ponctuels, fort divers. En les mettant en relation, il constate héritages et modifications, continuités et changements, permanences et transformations - voire de véritables métamorphoses-, mais, de son point de vue d'historien, jamais de novation radicale. Aussi l'ouvrage, se situant aux origines du christianisme, envisage-t-il d'abord le judaïsme au temps de Jésus, puis Jérusalem ou la propagation de la foi en Christ, Rome, enfin, ou l'expansion de la religion chrétienne.