La machine à parler tourne toute seule. Le discours - le bruit -
qui en résulte nous vaccine contre les pouvoirs d'illumination du
langage. Nous sommes conduits en douceur dans un univers où,
sous couvert de communication de chacun avec tous et tout le
temps, plus rien ne vaut d'être dit.
Peut-être que l'écrivain est le seul qui puisse encore tailler une
brèche dans la prison du langage unifié.
Gilles Dal, qui est un garçon plutôt drôle, n'en est pas moins un
écrivain, et, en tant que tel, le bruit harassant du discours semble
le persécuter. S'il le pouvait, c'est sûr, il ferait taire le langage
lui-même. Mais en attendant, il le décortique et le ramène à son
degré le plus premier - et parfois à son degré belge.