Le verbe 'Avoir' est au coeur de notre langage. Nous disons continuellement que les êtres humains ont des pensées, des désirs, des douleurs, des expériences, des biens ou encore qu'ils ont peur ou faim ou soif. Qu'entendons-nous par là ? Quelles implications se cachent derrière ces phrases si familières ? En suivant les aventures de l'avoir, Paolo Virno nous entraîne dans un voyage dense et suggestif à l'intérieur de la nature du langage, à travers laquelle transparaît celle de l'humain. Celui qui a quelque chose ne se confond jamais avec la chose qu'il a. Et si nous avons la chose c'est parce que nous ne sommes pas cette chose-là. L'animal parlant ne coïncide pas avec l'ensemble des facultés, dispositions et expériences qu'il a et qui pourtant le distingue des autres êtres vivants. Cet écart, ce détachement, cette distance entre ce que l'on a et ce que l'on est nous fait réfléchir sur nous-mêmes, sur ce que nous pensons et ce que nous faisons et dont nous avons conscience. Mais c'est aussi par là que nous sommes libres d'abandonner ce dans quoi nous ne nous reconnaissons plus, et de désirer ce que nous n'avons pas encore : un ami intime, une vie plus gratifiante, une communauté à laquelle on appartient.