Avons-nous besoin d'un bouc émissaire ?
Raymund Schwager fut le premier à tirer les conséquences théologiques du maître-livre de René Girard, La Violence et le Sacré (1972). La lecture qu'il propose ici de cette anthropologie s'est imposée comme l'une des meilleures introductions à la théorie du bouc émissaire, qui place le mécanisme victimaire à l'origine de toutes les sociétés humaines.
Prenant très au sérieux l'idée d'une dénonciation de la violence par le judéo-christianisme, l'auteur décrit la métamorphose du Dieu de la vengeance en Dieu de la paix. Ce que la Bible révèle en effet de façon croissante, c'est un Dieu toujours plus engagé du côté des victimes et de moins en moins lié à la violence.
C'est parce qu'il se dit « Fils de Dieu » que le Christ fait apparaître l'aveuglement des hommes comme « volonté secrète de tuer » et comme « rancune cachée contre Dieu ». Achevant la tradition prophétique, ce « dernier sacrifice » débusque un ressentiment fondamental et fondateur. Il défait l'unanimité des lyncheurs et met un terme « à tous les sacrifices injustes et imparfaits ».