Balerina, Balerina, para en 1997, raconte le quotidien d'une famille Slovène modeste dans l'Italie
des années 1960 à travers le regard innocent d'une fillette simple d'esprit, dans une langue poétique et épurée qui nous touche
au plus profond.
Ce roman a été sélectionné pour figurer dans le projet « 100 romans slaves » imaginé par plusieurs éditeurs dans
onze pays de langue slave.
« Je me lève sur la pointe des pieds et je regarde vers la porte de la cuisine, Maman parle. Je ne sais
pas qui est avec elle. Je ne vois pas son visage. Je me lève encore sur la pointe des pieds, je regarde
son chignon, ses épaules, sa jupe et ses chaussons. Ils disent que c'est comme ça, dit maman. Ils disent
que ça arrive parfois ! D'un seul coup, et personne ne peut vraiment savoir pourquoi. Sans prévenir.
Elle ne joue plus. Elle s'isole et on se demande à quoi elle pense. On l'interroge, et elle ne répond pas.
Elle entend tout, ma elle ne parle plus. Elle rit, elle pleure, mais on ne sait ni quand ni pourquoi. On rie
sait pas à quoi elle pense, ce qui lui trotte dans la tête... Ils disent qu'avec les années ça va empirer, dit
maman, cette fois plus bas, et moi, je me lève encore plus sur la pointe des pieds, pour voir son visage.
Et j'entends encore les derniers mots de maman. Regardez-la ! Elle reste sur la pointe des pieds
pendant des heures et des heures, elle fait tout ce que je lui dis, puis elle se met là, dans le coin, elle monte
sur la pointe des pieds et elle ne bouge plus. On ne peut rien faire, ils disent... que ça arrive parfois aux
enfants. Alors maman se tourne vers moi. Je me tiens sur la pointe des pieds et je vois son visage. Alors
aussi je vois des larmes et son sourire, et j'entends encore les derniers mots de maman. Qu'allons-nous
devenir, hein, Balerina ? »