Il n'est pas question ici de Vladimir Vissotsky (1938-1980)
l'acteur phare de la Taganka, l'inoubliable interprète de
Hamlet, mais du poète, chanteur, interdit de publication
de son vivant, pourtant suivi par une foule toujours plus
nombreuse dans ses concerts clandestins dont les enregistrements
passent de main en main. Il est devenu grâce à la
puissance d'évocation de ses textes à la fois critiques et
profondément humains, l'un des maîtres à penser de la jeunesse
soviétique, le porte-parole officieux des peuples
d'URSS, le témoin remarquable de son époque.
Cet amoureux farouche de la vérité a mis sa sensibilité
d'écorché-vif au service de la vie, l'aimant en dépit de son
caractère tragique ; et de sa voix rauque, sublimant l'intime,
il nous fait accéder à l'universel.
«Il y a trente cinq ans, j'entendais la voix de Vladimir
Vissotsky pour la première fois... Aujourd'hui, relisant ses
textes, je frissonne encore. Je revis les nuits d'exaltation où
je découvrais les mots scandés avec rage avant même que
d'être couchés sur le papier. [...] L'homme qui n'a jamais vu
éditée une seule de ses lignes, jamais entendu sa voix à la
radio, jamais vu son visage à la télévision, avait tout pressenti.
[...] Le lecteur pourra, sans peine, se faire une opinion.
Vladimir Vissotsky a toujours porté le fer dans la plaie.
Jusqu'à en mourir...»
Marina Vlady
«Quitter la Russie ? Pourquoi ? Je travaille avec les mots, j'ai
besoin de mes racines, je suis un poète. Sans la Russie, je ne
suis rien, sans mon peuple pour lequel j'écris je n'existe pas,
sans ce public qui m'adore je ne peux vivre, sans leur
amour pour l'acteur que je suis, j'étouffe. Mais sans liberté
je meurs.»
Vladimir Vissotsky