On peut être surpris par la notoriété que connaît Barbe-Bleue dans les pays de langue allemande au tournant du siècle (1846-1931), surtout si l'on constate que le souvenir de Perrault y paraît plus vivace que celui de Grimm. Le cadre est ici moins le conte que le roman, la nouvelle ou le théâtre. Des changements majeurs se dessinent, comme de faire de Barbe-Bleue, moins un bourgeois qu'un gentilhomme et même une femme au lieu d'un homme. Le personnage se voit aussi doté d'une intériorité et d'une conscience réflexive, que Perrault ne lui avait pas prêtées. L'un des auteurs considérés ici le dit clairement : « Ceci n'est pas l'histoire de feu le chevalier Barbe-Bleue, depuis longtemps mort et enterré dans le conte, mais celle d'un de ces éternels maris d'aujourd'hui ».