Personnage littéraire surgi à une époque d'expansion coloniale agressive, Barnavaux était vu comme le «type» même du soldat de l'infanterie coloniale française. Son nom était connu et aimé d'un grand lectorat qui ne savait presque rien de son créateur, le journaliste Pierre Mille (1864-1941). Les critiques contemporains, quant à eux voyaient en ce dernier l'incarnation de la nouvelle «littérature coloniale» et, en quelque sorte, de l'esprit colonial lui-même. Pourtant, au-delà de l'impertinence des blagues de Barnavaux, les nouvelles ré-éditées ici font preuve d'une attitude fort ambiguë à l'égard du colonialisme. Le regard narquois de Barnavaux, et celui du narrateur plus détaché qui l'accompagne parfois dans ses aventures, servent en effet à nous montrer un système colonial souvent plus ridicule que glorieux. Face à un état de choses qu'il ne pouvait approuver, Mille a donc pris le parti du rire.