Un jour, leur patron est parti avec la caisse. Depuis, Lin Mei et ses collègues du petit salon de beauté tiennent les lieux, mangent et dorment sur place, décidées à rester coûte que coûte. Et si elles continuent à soigner les ongles et les cheveux, désormais elles s'occupent aussi d'elles-mêmes, de leurs droits, de la reconnaissance de leur travail et de leur dignité. Mouvement social d'une forme inédite, mené à sept, sans personne en face, leur lutte est une parade où défilent la fierté et la beauté de ces vies précaires, abandonnées, qui peuplent nos villes sans qu'on les voie.
Comment, parti de Chine ou d'Afrique de l'Ouest avec l'espoir d'un meilleur destin, se retrouve-t-on dans un pays étranger, sans autre bien qu'un ventilateur pour sécher les ongles ou une paire de ciseaux ? Sylvain Pattieu, pour trouver des réponses, a tenu sur plusieurs mois la chronique de ce microcosme chaotique, de cette petite boutique effervescente qui concentre les failles et les espoirs du monde contemporain. En mettant son art de romancier au service du réel, il en a tiré une comédie sociale endiablée, où la nostalgie et la colère n'atténuent pas la vivacité d'une parole inlassable, vive, moqueuse, dont il fait la voix même de notre époque.