Un ministre perd les élections et le pouvoir. Il se
retrouve sans rien. «Je ne suis pas élu, je n'existe
plus» déclare-t-il.
Bébé-Fleur nous montre le désarroi, proche de la
dépression, d'un homme «battu et abattu» qui en
arrive à ne même plus supporter la lecture de la presse.
S'agit-il là d'une pièce d'actualité politique ? Oui, mais
d'une actualité de tous les temps. En démocratie,
chaque scrutin apporte ses lots de vainqueurs et de
vaincus, si bien que la dialectique du «tombeur-tombé»
dope la vie politique.
Frédéric Daru, personnage central de Bébé-Fleur, n'est
soutenu par aucune idéologie. Nous ne saurons même
pas de quel bord il est. C'est un politique de ce début de
siècle, séducteur, pragmatique et calculateur, détaché
des idées, dépassé par l'ampleur des questions à traiter.
Il a fait sa carrière vers le pouvoir dans le labyrinthe
politique français dont il connaît tous les détours. Et
voilà, qu'il s'est égaré. S'il veut exister à nouveau, il
doit sortir du labyrinthe avec une pensée. Une femme
admirable, qu'il a beaucoup aimée dans sa jeunesse,
puis dédaignée par ambition, sera l'Ariane qui délivre.