Belfort, territoire de radicalités
L'affirmation dans la République (1870-1922)
Tout cela ne serait pas arrivé si, un soir de février 1871, dans les salons dorés de Versailles, Adolphe Thiers n'avait pas obtenu de Bismarck, chancelier de l'Allemagne proclamée dans la galerie des glaces par le roi de Prusse, que Belfort invaincue soit détachée de l'Alsace annexée. Cette ouvrage retrace un demi-siècle de vie politique, économique, sociale et culturelle, bornée par l'année 1922, année où le Territoire de Belfort « lambeau d'Alsace déchirée » devint département du même nom.
Belfort, sous-préfecture du Haut-Rhin, restée française à l'issue du traité de Francfort de 1871, va connaitre une évolution exceptionnelle, de Territoire sans nom et sans statut, à l'affirmation de son identité dans la République française, espérant d'elle son retour à l'Alsace.
Bruno Kern relate, avec une minutie passionnante, le combat que les monarchistes, bonapartistes et républicains se livrèrent à une période où l'ancrage dans la République après l'effondrement de l'Empire était des plus incertains. Il analyse, avec une précision d'horloger, le rôle joué par les manufacturiers paternalistes, tout à la fois grands capitaines d'industrie, siégeant au Parlement, et dominant la vie politique locale, de générations en générations. Il met à l'honneur l'engagement de ces maires républicains « avancés », issus du monde des négociants, viscéralement attachés au développement de leur ville. Il réhabilite l'engagement des premiers radicaux qui mirent fin à la domination des parlementaires monarchistes, déguisés en conservateurs.
Ce livre retrace la naissance de l'exceptionnel particularisme du Territoire de Belfort, qui réside, selon l'auteur, dans cette radicalité aux visages multiples.