Par suite des jacqueries suscitées par les «rouges» en 1946
dans la partie la plus méridionale de la Péninsule coréenne, une
terrible spirale de massacres et de répressions sanglantes oppose
l'un à l'autre le «pouvoir du peuple», qui entend redistribuer les
terres, et le gouvernement militaire soutenu par les Etats-Unis. Les
paysans sans terre deviennent le fer de lance de la lutte prolétarienne
contre «l'impérialisme». Toutes les familles dont un
membre s'est compromis du côté communiste sont suspectes.
Fouilles, actes de violence, surveillance sans répit, rien ne leur est
épargné, même quand elles sont dans leur droit. Des femmes sont
molestées et brutalisées parce que leur mari a rejoint le camp des
«rouges». Le couvre-feu est instauré, la loi martiale proclamée.
Tandis que se profile l'ombre de Yeom Sang-jin, chef de la
rébellion, qui, attendant des jours plus favorables, se cache dans
les montagnes avec ses partisans, Kim Beom-ou, professeur lucide
et courageux, défend les paysans opprimés. Refusant de les voir
froidement abattus par la police, il exige que les suspects bénéficient
d'un jugement équitable. Sa personnalité anticipe sur celle de
bien d'autres «justes» de l'histoire contemporaine. Ce sont eux
qui ont de longue main préparé une Corée moderne et démocratique.