Bernard de Clairvaux, philosophe ? Une école cistercienne au XIIe siècle ? Telles sont les deux questions affrontées dans chacune des parties de ce livre.
Une historiographie contemporaine oppose souvent à un Abélard renouvelant la philosophie par l'accueil de la logica nova et de la dialectique un Bernard dogmatique, dernier des Pères de l'Église. Prenant le contrepied de cette caricature, la première partie affronte la première question et présente un Bernard de Clairvaux philosophe, fleuron du socratisme chrétien. Reconnu comme tel depuis Pierre Courcelle, Bernard donne toutefois à cette philosophie socratique une inflexion marquant le primat de l'humilité (Ch. I), le détour nécessaire par la charité (Ch. II) en vue de parvenir à la contemplation (Ch. IV). Entre ces deux points d'inflexion, un chapitre développe le rôle central pour lui du libre arbitre et celui de la conscience (Ch. III).
Il est de coutume d'opposer le cloître et l'école au XIIe siècle. Toutefois, si nous entendons par là, non un lieu d'enseignement où l'on noterait les présents et les absents, mais un réseau d'influence intellectuelle, voire spirituelle, il devient possible de parler d'une école cistercienne. La deuxième partie recherche la présence ou non des caractéristiques humanistes mises en évidence dans la première chez divers auteurs cisterciens de ce temps. Ils sont pris d'abord parmi les plus proches de Bernard : Aelred de Rievaulx, Guerric d'Igny, Geoffroy d'Auxerre (Ch. I). Puis (Ch. II) sont examinés trois auteurs cisterciens parmi les plus philosophes du XIIe siècle : Isaac de l'Étoile, Garnier de Rochefort et Hélinand de Froidmont. Enfin (Ch. III), on en vient à trois auteurs qualifiés de « satellites » dont le rapport à l'Ordre Cistercien est plus complexe : Guillaume de Saint-Thierry, Alain de Lille et Joachim de Flore.