Le bien-être animal a indéniablement le vent en poupe dans les pays occidentaux. Il mobilise un grand nombre de scientifiques et de techniciens, draine d'importants fonds de recherche et participe, via la confrontation entre lobbies industriels des productions animales et lobbies de la protection animale, au processus de normalisation du travail en élevage.
La problématique du bien-être animal a-t-elle quelque chose à voir avec le bien-être des animaux d'élevage? C'est à cette question, apparemment paradoxale, que tente de répondre cet ouvrage. À l'appui de nombreux écrits de biologistes, d'éthologues, d'agronomes, de zootechniciens, d'économistes, d'historiens, d'anthropologues, de sociologues, de psychologues, de philosophes, mais également sur la base de documents législatifs, d'interviews d'éleveurs, d'articles de journalistes et de textes d'écrivains, l'auteur interroge la notion de bien-être animal en replaçant cette problématique dans le champ historique de l'évolution de l'élevage dans la société industrielle.
Au-delà des normes concernant les conditions de vie des animaux, il est en effet nécessaire de s'intéresser à la question du travail en élevage, car la souffrance en systèmes industriels touche également les éleveurs. Dans la perspective d'un élevage durable, porteur de sens et respectueux des êtres humains et des animaux, c'est aussi à une critique de la dynamique d'industrialisation de l'élevage à l'oeuvre en France depuis le milieu du XIXe siècle et à des recherches ouvertes sur les conditions de possibilités de nouveaux modes d'élevage qu'il s'agit aujourd'hui de travailler.