« Il faut souffrir pour être in. »
Bienvenue dans le nouveau monde
Le jour où Mathilde Ramadier, jeune Française expatriée à Berlin, reçoit dans sa boîte mail le « Welcome Kit » de la startup qui vient de l'embaucher, elle ouvre de grands yeux ronds. « Chère Mathilde, bienvenue chez The Base ! Tu trouveras ci-joint le Welcome Kit qui t'expliquera tout pour tes nouvelles aventures chez nous. Enjoy ;) ! » L'entreprise promet une vie cool, dans un environnement parsemé de smileys. Un employé est en retard ? Il le paiera, le lendemain, en croissants chauds pour toute l'équipe - ou plutôt la « team ». Une team dans laquelle on n'est jamais stagiaire, mais toujours manager de quelque chose.
Un rêve éveillé ? Les habits neufs de la précarité, en vérité. Où le « management du bonheur » cache l'organisation d'une concurrence impitoyable entre des travailleurs jetables et sous-payés. De ses diverses expériences, Mathilde Ramadier a rapporté un récit au vitriol. Elle y mêle anecdotes personnelles et analyse de cette novlangue abêtissante qui transforme les employés du service clients en « réparateurs de bonne humeur ». Ou comment toute une génération, ici comme ailleurs, se casse le nez en fonçant dans le mur de la nouvelle économie.
« Bienvenue dans le nouveau monde », vous dit-on.