Se trouvent ici réunis, par Francesca Bion, les derniers séminaires de W. R. Bion
tenus entre 1976 et 1979 à la célèbre Clinique Tavistock, à Londres. Sous-tendus
par le motif récurrent des limites du langage, et celui, attenant, des institutions
comme inévitable obstacle à la pensée et à la croissance, ces dialogues exposent les
thèmes qui ont le plus préoccupé le grand psychanalyste britannique à la fin de sa vie.
La psychanalyse, certes tributaire de notre connaissance rudimentaire du monde,
demeure bel et bien, à ses yeux, une méthode d'exploration valide de l'esprit. Et,
psychanalyser, c'est, au sens strict, se prêter à une expérience qui met en jeu nos
pouvoirs sensoriels (l'appareil perceptif mais aussi l'idée de «contact» et de «peau»
psychiques) et nécessite l'appui d'une activité malaisée : l'observation. D'où la réaffirmation
de l'extraordinaire portée de cette rencontre entre l'analyste et l'analysant,
qui, en présence d'une «tierce partie» analytique, se confrontent à ce qui, au bout
du compte, provoque et oriente leur association transitoire et leur enquête : la blessure
psychique, la douleur morale, la douleur de penser, et notre exigence de vérité.