La « race » est à La fois quelque chose de spécieux et quelque chose de réel. C'est ce que montre l'histoire de ces milliers d'Américains légalement Noirs parce qu'ils avaient « une goutte de sang noir » (« one-drop rule ») mais qui ont choisi de « passer » pour Blancs, voire de vivre comme tels, parce que phénotypiquement, ils avaient l'apparence d'être Blancs. Ainsi, ils pouvaient plus aisément s'enfuir du Sud esclavagiste et échapper aux chasseurs d'esclaves fugitifs. Cette mystification ne leur a pas moins été utile pour s'évader de La condition sociale des Noirs, de la ségrégation et des autres lois raciales dans le Sud, des pratiques racialistes dans le Nord.
Ce livre propose une plongée dans cette migration raciale ayant eu cours aux États-Unis jusque dans les années 1950.
Il y est question de politique de la race, notamment à travers l'obsession des suprémacistes Blancs pour la pureté raciale, à travers la faillite même de l'idée de la race que mettait en évidence le « passing ».
Il y est question des arbitraires légaux en matière de définition de la race, des interdictions légales de La miscégénation entre Blancs et Noirs, de La valeur de bien attachée à la « whiteness » par les lois et par les juges.
Il n'y est pas moins question de psychologie, à la faveur de portraits de « passages » et de refus de « passage » célèbres. Cet arbitrage sur l'opportunité de « passer » n'a jamais été une mince affaire, comme le montrent les drames ou les névroses du « passing », que la littérature et le cinéma américains ont emphatisé à travers l'archétype du mulâtre tragique.