Blues pour chevaux verts est avant tout une
déclaration d'amour et d'amitié de Letitia Ilea aux
êtres qui lui sont chers et dont le souvenir réconforte,
malgré la menace permanente de leur disparition : sa
mère, dédicataire du livre, son père, pour qui elle a composé
quelques-uns des plus émouvants poèmes du recueil, ses amis
écrivains, qui l'accompagnent dans sa création poétique.
La poésie de Letitia Ilea a la politesse de rendre les vies et
les choses plus belles. Attentive aux détails du quotidien qui
fabriquent le vide et la solitude, elle a fait sienne la formule
de Raymond Carver : «Les mots, c'est finalement tout ce que
nous avons, alors il vaut mieux que ce soit ceux qu'il faut et
que la ponctuation soit là où il faut pour qu'ils puissent dire
le mieux possible ce qu'on veut leur faire dire.» La fulgurance
du mot juste et le rythme délicat des vers libres soutiennent
la tonalité mélancolique de ce blues qui flirte, sans s'y perdre,
avec le désespoir. Les illusions se retrouvent mises à nues et
les échecs résistent. C'est un sourire, souvent grinçant, parfois
joyeux, qui célèbre les grandes batailles des petites choses.