Le 14 janvier 2014, Al-Qaïda, «canal historique» et Daesh ont étalé
par communiqués interposés, et combats armes en main en territoire
syrien, leurs dissensions sur fond de querelle de leadership sur le djihad
international. La communauté internationale n'a que partiellement
tiré avantage de cette situation. La mobilisation contre les terrorismes
aussi bien au Proche-Orient que dans la zone sahélo-sahélienne, ne
présente, à ce jour, qu'un gain symbolique ; dont une diminution du
niveau de létalité des forces djihadistes. C'est dire que l'éradication de
ces menaces, elle, reste une grande préoccupation.
À l'instar de Boko Haram, le fondamentalisme s'appuie sur
des supports variés, dont le ressort sociologique qui lui assure
un ancrage territorial. Ce faisant l'ancien empire de Kanem-Bornou
- aujourd'hui espace de vie des peuples kanouris -,
la forêt de Sambisa et les versants des Monts Mandara - érigés en
proto-État, constituent les centres névralgiques de Boko Haram.
Ainsi, contrairement à la violence aveugle des djihadistes, l'action
militaire des États, au risque de s'apparenter à un génocide planifié
des peuplements kanouris transfrontaliers, doit être conduite avec
parcimonie.
Tel est le défi qui interpelle les forces armées nationales du
Nigéria, du Niger, du Cameroun, du Tchad ; et depuis peu, la Force
Multinationale Mixte (FMM) - cadre stratégique intégré de lutte
contre les terrorismes en Afrique centrale et de l'ouest - impulsée par
la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT). Ce livre saisit la genèse
(2002) ; puis la montée en puissance de Boko Haram (2009). Guerre
asymétrique voire conventionnelle, les dynamiques conflictuelles et
les réinventions des stratégies sont relevées et analysées. Des pistes
de sortie des violences envisagées.