Bonaparte
« Ainsi Bonaparte marquait tous les jours plus fortement son dessein d'absolutisme et il se préparait à éliminer le peu qui restait encore des libertés publiques. Il avait savamment exploité pour cet objet l'attentat de la rue Saint-Nicaise. En l'imputant d'abord, contre toute apparence, aux jacobins, aux révolutionnaires, et en persistant à engager leur responsabilité morale quand la vérité fut connue, il n'avait pas cédé à un affolement de terreur, mais à un calcul profond. Quel besoin avait-il d'arguments nouveaux contre les royalistes, contre les fauteurs de complots monarchiques et les entrepreneurs de restauration ? Ceux-là servaient déjà à leur manière, et abondamment, ses projets despotiques. Toujours, depuis l'origine de la Révolution, ils avaient été l'obstacle à ceux qui rêvaient d'une liberté modérée, moyenne, qui n'irait pas d'emblée à l'entière démocratie et à la pleine souveraineté du peuple, mais qui pourrait y acheminer le pays sans secousses. »