Il est inacceptable de rapprocher Napoléon des grands dictateurs totalitaires du XXe siècle, et en particulier de Hitler : telle est la conviction quasi unanime de l'historiographie, tout spécialement de la française. Autant le dire d'emblée, Bonaparte comme Précurseur a été écrit pour perturber ce consensus. Car on a beau s'acharner à ne pas vouloir le voir, il reste qu'à l'époque contemporaine, c'est Napoléon qui a inventé le centrisme par addition des extrêmes, que les totalitarismes ont retrouvé après lui ; qu'il a été le premier à revendiquer la référence impériale romaine, qu'ils ont ensuite tous plus ou moins reprise ; que des éléments décisifs de sa politique religieuse la rapprochent de celles de Mussolini et de Hitler ; que bien des aspects du Second Empire méritent aussi d'être pensés sous cet angle ; qu'à ces différents dossiers, il faut encore ajouter tout ce que peut toujours avoir à nous dire sur ce thème l'oeuvre de Karl Marx, une fois décrassée de sa vieille boue léniniste.
Bref : cette question méritait qu'on la reprenne.