Le titre implique la joie que tout professionnel peut éprouver au contact du désir d’éduquer, de soigner ou de gouverner qui l’aura conduit « là »... comme son envers de désillusion et d’encombrement d’un quotidien renforcé par la démarche qualité, l’approche DSMiste, l’évaluation renforcée ou autres niaiseries managériales. Peut-être parce que le sujet freudo-lacanien comme le sujet marxiste ont été reniés par la logique de marché, le discours capitaliste et avec lui le sujet du politique et de la démocratie. Il en va de même pour « le sujet éthique et moral » (Arendt) : l’implication est supplantée par l’application, la réflexion et le positionnement éthique par une injonction de bonne exécution de la tâche. Notre salut, comme nous en a instruit la psychothérapie institutionnelle, et comme nous le déclinerons ici, viendra surement du fait qu’il s’agit d’un seul un même sujet, regroupant l’individuel et le collectif, l’inconscient et le social. Lacan n’affirmait-il pas que « l’inconscient c’est la politique » ?
Le pari de l’ouvrage, dans le sillage de ces deux courants [pourtant « non consensuels » !], est de participer au renouvèlement des dimensions éthique, politique, et clinique qui la différencie de la logique d’établissement ou mieux d’entreprise. C’est bien le nouage des deux, Freud et Marx, sujet de l’inconscient et du social, sur lequel porte l’ouvrage. Les apports de l’un (la plus-value, la lutte des classes, la valeur travail, la question du pouvoir, l’aliénation au travail, le désir émancipatoire, la grève...) nourrissant ceux de l’autre (la dimension du symptôme, de la jouissance, le rapport de l’humain au sexuel et à la mort, la notion de discours, de désir du soignant, la catégorie du sujet dans son rapport à l’Autre, le Collectif, la relation de transfert, création et sublimation, la folie aliénante ...) et réciproquement, donc !