Boris Vian, c'est une légende. La «trompinette» dans les caves de
Saint-Germain des Prés, le Déserteur, le poète de l'Écume des jours,
le pornographe de J'irai cracher sur vos tombes, le pataphysicien et
l'ingénieur. Visage émacié, silhouette tout en os, il est devenu un
emblème qui, entre Gréco et Sartre, résume une époque, une nostalgie.
Philippe Boggio a voulu voir ce qu'il y avait derrière le masque d'éternel
jeune homme triste. Une vie pleine de drames et de secrets, pas mal
de bruit et de douleur.
Son enquête commence par l'enfance heureuse à Ville-d'Avray, avant
la guerre. Les soirées zazou. La mort du père, assassiné. L'espoir d'une
vraie carrière littéraire, entre Gallimard et Les Temps modernes.
Les nuits du Tabou. Le jazz. Une production frénétique, des projets,
des chansons, des pièces, des romans. Le scandale de J'irai cracher.
Une vie de galère aussi et la maladie qui le ronge. Les déboires.
Les amours perdues et retrouvées. La fin marquée par l'ironie du
sort, dans une salle de cinéma, lors de la projection de l'adaptation de
J'irai cracher...
Boggio a interrogé les témoins de la vie de Vian. Claude Luter,
Henri Salvador, Jacques Canetti, Michèle, sa première femme, Ursula,
la seconde, tant d'autres.
Une série de mondes se rejoignent, celui des lettres, celui du jazz
et de la chanson, celui du journalisme et du cinéma. Ça swingue et
ça commence même, juste avant sa mort, à avoir un air de rock'n'roll.