Le Vénérable Bhikkhu Buddhadasa, moine thaïlandais, maintenant âgé de 81 ans, est l'une des figures les plus éclairantes du bouddhisme contemporain. Interprète de la voie spirituelle authentique, il s'efforce de revenir aux formes originelles de l'enseignement bouddhique. Le thème de cet ouvrage sur le socialisme bouddhique est très à propos : les hommes politiques contemporains ne semblent s'en remettre qu'à deux choix : le capitalisme et le socialisme (nationaliste ou internationaliste). Ils sont évidemment - trop étroits - n'offrant aucune solution à la crise mondiale actuelle, opposés, ils précipitent en fait cette crise redoutable. Le socialisme dhammique, en revanche, est l'état naturel des choses, l'état normal, originel, l'ordre naturel social, dans le sens du Buddhadhamma. Le bouddhisme pour Buddhadasa est, par conséquent, intrinsèquement socialiste :
Si nous tenons ferme au bouddhisme nous aurons une disposition socialiste dans notre être même. Nous verrons nos semblables comme des compagnons dans la souffrance - naissance, vieillesse, maladie et mort - et, de ce fait, nous ne pourrons les abandonner. C'est l'idéal du socialisme pur devant être mis en acte, et pas simplement faire l'objet de discussions à des fins politiques ou dans l'optique d'un gain égoïste, détourné et faux...
Pour Buddhadasa cependant, nous sommes loin d'un tel socialisme pur ou naturel parce que nous nous laissons dominer par des désirs (kilesa) égoïstes. Il en résulte que notre développement en tant qu'êtres humains s'est arrêté, et en particulier nos facultés spirituelles et mentales de sorte que nous ne sommes guère mieux que des animaux : mangeant, dormant et procréant. L'égocentrisme qui nous rend aveugle à la vraie nature des choses nous conduit à souffrir (dukkha) et en nous empêchant d'agir avec compassion (karunâ) contribue directement à faire naître les maux sociaux.
Cette étude est la première consacrée à un penseur bouddhiste ayant élaboré une théorie du socialisme bouddhique spécifiquement basée sur des catégories bouddhiques plutôt que sur un amalgame quelconque de philosophie politique occidentale et de Bouddhisme. Cet essai est une tentative dans ce sens, une analyse de la philosophie religio-politique du penseur bouddhiste le plus important, le plus créatif et le plus controversé de Thaïlande.