Bouddhisme tibétain et philosophie de l'existence
Dans le bouddhisme tibétain, tout moi est sans substance qui lui soit intrinsèque. Toute substance qu'il paraît avoir lui vient de liens d'interdépendance avec d'autres réalités qui lui sont extérieures : les autres, la société et la culture ambiantes, la Nature. Tout moi ne dure pas pour toujours, non seulement parce que les êtres vivants sont des êtres mortels, mais surtout parce qu'ils sont constamment en changement. Le projet, propre à la philosophie de l'existence, de devenir qui nous sommes (le « projet d'être-moi »), tel qu'il a été mis de l'avant depuis Kierkegaard jusqu'à Sartre, est-il alors incompatible avec la philosophie propre au bouddhisme tibétain, compte tenu que le moi y est défini comme étant sans substance, caractérisé par de multiples liens d'interdépendance et en constant changement ?
Le processus de purification de l'esprit est au coeur du cheminement spirituel vers l'Éveil. Mais compte tenu que l'esprit est considéré comme étant primordialement pur et à l'origine de toutes les impuretés qui l'affectent, ce processus de purification n'est-il pas paradoxal ? Puisque ce processus doit s'actualiser concrètement dans la vie de tous les jours, on peut s'attendre à ce qu'il trouve quelque application dans les milieux de travail. Mais quelles sont les implications d'une purification de l'esprit dans les organisations ? Toute la question est de savoir comment il est possible de vivre sa foi bouddhiste au coeur même des enjeux de la vie organisationnelle.