Pierre Boutang (1916-1998)
Albert Thibaudet parlait de Charles Maurras comme d'un continent : le mot vaut également pour Pierre Boutang. Ce philosophe longtemps interdit d'enseignement fut aussi journaliste, romancier, pamphlétaire, poète, critique littéraire, traducteur. Les milliers de pages de ses carnets restent à éditer. Entré adolescent à l'Action française, doté d'une vive intelligence et d'un courage sans faille, rapidement repéré par Maurras, il fut, jeune agrégé, au coeur d'une tentative de coup d'État à Alger en 1942, avant d'être épuré à la Libération puis de devenir, à la demande de Maurras, éditorialiste politique à Aspects de la France (1947-1954), qui avait pris la succession de L'Action française.
En 1955, avec Michel Vivier, il fonde La Nation française, qui renouvellera le ton de la presse politique. Son attitude à l'égard du général de Gaulle durant la guerre d'Algérie, entre soutien prudent et hostilité ouverte, lui valut d'être le journaliste le plus condamné pour offenses au chef de l'État. Toute sa vie, son espérance et son action politiques eurent pour objet le rétablissement de la royauté, incarnée par le comte de Paris.
Dans ce « Qui suis-je ? » Boutang, Axel Tisserand, s'appuyant sur des documents inédits, révèle toute la richesse, voire la complexité, d'une personnalité hors du commun, qui laisse une oeuvre importante, encore trop méconnue, tant en métaphysique qu'en philosophie politique, que ce disciple de Charles Maurras, animé d'une foi intense, a profondément renouvelée.
« Notre société n'a que des banques pour cathédrales ; elle n'a rien à transmettre qui justifie un nouvel " appel aux conservateur " ; il n'y a, d'elle proprement dite, rien à conserver. Aussi sommes-nous libres de rêver que le premier rebelle, et serviteur de la légitimité révolutionnaire, sera le Prince chrétien. »