Et si Georges Brassens avait été un autre ? Un autre que celui que nous ont raconté les légendes et les idées reçues...
De fait, il n'a jamais été bougon ni bourru, jamais taiseux ni primaire, jamais sinistre ni distant. À l'image de ses chansons, loin de tous les clichés réducteurs, l'homme était d'une facture riche et singulière : timide et joyeux drille à la fois, attentif et insolent, curieux de tout et de tous, tranquille et frondeur, tendre et cinglant, fin et moqueur, ouvert et sceptique, chaleureux et railleur. Bref, tout sauf lisse, mais toujours de bon commerce.
En réunissant en un volume trente ans de « libres propos » de l'auteur de Saturneet de la Supplique pour être enterré à la plage de Sète,Loïc Rochard offre à Brassens la possibilité de livrer, à titre posthume, son « autoportrait », voire de se mettre à nu.
Authentique, sincère, indissociable de son oeuvre, voici que se révèle enfin sous toutes ses facettes le véritable Brassens « peint par lui-même » : en jeune « chahuteur sournois », en chanteur mal à l'aise, en amoureux antiromantique, en acharné de la musique, en contrebandier du langage, en homme de partis pris et de tolérance en même temps, en adversaire tranquille de l'ordre établi, en libertaire généreux, en moraliste « solitaire mais solidaire », en désespéré jovial, en rabelaisien pour toujours.
« La voix de ce gars est une chose rare », disait René Fallet. On peut le vérifier de la première à la dernière ligne de Brassens par Brassens.