Essai d'interprétation historique plutôt qu'oeuvre historiographique, cet ouvrage retrace les relations politiques entre l'Angleterre et l'Écosse depuis le retrait de l'occupant romain (Ve siècle) jusqu'à l'union des deux pays (1707). Il commence alors que l'un et l'autre pays ne sont encore qu'une mosaïque de petits royaumes, d'où émergent, vers le milieu du IXe siècle, deux grandes entités, l'une « celte », l'autre saxonne, dont les marches conquérantes s'arrêtent mutuellement. Deux siècles plus tard, la conquête normande de l'Angleterre impose un nouvel ordre, qui se répand rapidement jusque dans les Lowlands, tirant l'Église romaine dans son sillage. Périodiquement, l'Angleterre revendique la supériorité féodale sur l'Écosse. Le rapport de forces qui domine dès lors les relations entre les deux royaumes jusqu'à l'union des couronnes (1603) fournit la trame d'un récit qui, tout en suivant les vicissitudes du pouvoir politique, esquisse en filigrane celui de la cristallisation de l'idée d'une nation politique écossaise unitaire. Par la mise en regard des événements et des attitudes contemporains, l'auteur montre que l'anglicisation de l'Écosse fut le résultat d'un processus d'acculturation et non de conquête. À la fin du XVIe et surtout au XVIIe siècle, avec la Réforme puis les deux Révolutions d'Angleterre, les cartes sont largement rebattues et les affinités religieuses entre l'Angleterre et l'Écosse favorisent des rapprochements transnationaux inédits ainsi qu'un activisme politique nouveau. Pour Robert Rait, l'union des deux pays était prédéterminée, et, dans la perspective de changement civilisationnel qu'il propose, elle apparaît effectivement comme l'aboutissement logique d'un processus de convergence culturelle.