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Breviario de los vencidos, escrito en París entre 1940 y 1946, es el sexto y último libro que Cioran escribió en rumano. Tras una corta estancia en Alemania como becario y una fugaz experiencia como profesor de filosofía en un instituto de Brasov, que el propio autor no dudó en calificar de «catastrófica», Cioran se instala definitivamente en la capital de Francia. A partir de entonces escribirá todos sus libros en francés. No deja de resultar un poco estremecedor imaginarse a este «antiprofeta del siglo XX» mientras pasea su soledad por las noches de París en uno de los momentos más terribles de la reciente historia de esta ciudad. Cioran, acosado por un insomnio casi metafísico y por el tedio que suscita en él el pobre espectáculo de una civilización reblandecida por demasiados siglos de cristianismo, proclama en las primeras páginas de este libro: «Vivir: especializarse en el error. Burlarse de las verdades indubitadas, no hacer caso de lo absoluto, tomar a broma la muerte y transformar lo infinito en azar. (?) El mero hecho de ser es tan grave que, comparado con él, Dios es pura bagatela». Con apenas treinta años, cuando empieza la redacción de este poco convencional «breviario», su autor ya es plenamente dueño de la serie de obsesiones que no dejarán de acompañarle, a él y a sus numerosos lectores: el esteticismo que hace del arte la única excusa para seguir en este mundo; el nihilismo que busca en el goce del instante el único absoluto o, en fin, la nostalgia de una «vida fuerte» en el sentido más pagano del término.