Rachel Blau DuPlessis est née à New York en 1941. Elle a
suivi une carrière de professeur de littérature de langue anglaise
tout en se consacrant à sa vocation de poète et d'essayiste.
Connue pour ses prises de position féministes et engagée dans
une réflexion approfondie sur le terrain de la poésie moderne :
elle a, entre autres, rédigé une thèse sur le «Poème sans fin»
(avec pour points d'ancrage le Paterson de W.C. Williams et les
Cantos Pisans d'Ezra Pound), procédé à la publication de la correspondance
de George Oppen (qu'elle considère comme un de
ses maîtres), d'une étude (avec Peter Quatermain) sur les
Objectivistes, et publié des essais sur des écrivains féminins, en
particulier H.D. (Hilda Doolittle).
Rachel Blau DuPlessis se situe dans ce qui peut s'appeler
sinon une tradition (car chaque auteur aux USA peut sembler,
avoir inauguré et développé une pratique qui ne s'entend que
pour lui-même), du moins un continuum, celui du «poème
long», typiquement américain depuis maintenant plus d'un siècle
: il faut songer en particulier au Paterson de W.C.W. déjà cité,
au Maximus d'Olson, à Hélène en Égypte de H.D., à Témoignage de
Reznikoff...
Chaque poème finalement est un «brouillon», c'est-à-dire le
fragment renouvelé, l'ébauche réitérée du «long poème» conçu
comme fin toujours à atteindre, et remis en chantier à chaque
passage de la navette sur la trame. Chaque ligne fait «pli» : message
en cours de permanente révision, & fronce obstinée dans la
«grille» de lecture du réel insaturée par le «projet» lui-même.
Auxeméry.