Le 2 juillet 1431, un peu plus d'un mois après la mort de Jeanne d'Arc sur le bûcher de Rouen, la cause du roi de France Charles VII, en lutte contre les Anglais et les Bourguignons, connut une nouvelle déconvenue sur le champ de bataille de Bulgnéville aux confins du Barrois et de la Lorraine : là, après un combat aussi rapide que sanglant, René d'Anjou, duc de Bar et de Lorraine, beau-frère du roi de France, fut vaincu et capturé par les Bourguignons. Cet événement militaire était l'aboutissement d'un épisode mouvementé de l'histoire de Lorraine. A l'origine, une querelle de succession opposait René d'Anjou, héritier des duchés de Lorraine et de Bar, à Antoine, comte de Vaudémont, issu d'une branche cadette de la Maison de Lorraine. Mais l'enjeu devint vite plus important, et les implications plus larges : dans ce secteur géographique d'une valeur stratégique considérable, à la frontière du royaume de France et de l'Empire, les ambitions de la Maison d'Anjou, vigoureusement soutenues par le roi de France, se heurtèrent à l'expansionnisme bourguignon. Le duc de Bourgogne Philippe le Bon, allié pour un temps encore à l'Angleterre, ne pouvait en effet rester indifférent aux destinées de la Lorraine qu'encadraient ses principautés. Pour y sauvegarder son influence, le duc soutint la cause du comte de Vaudémont. Ce fut la première intervention militaire bourguignonne dans l'espace lorrain et le point de départ d'une politique active qui allait culminer avec la tentative de rattachement du duché de Lorraine à l'Etat bourguignon par Charles le Téméraire en 1475-76.
L'auteur nous donne ici la première étude d'ensemble sur la bataille de Bulgnéville. Il ne se contente évidemment pas de retracer l'événement militaire lui-même, mais en recherche les causes lointaines aussi bien que les causes directes, et décrit le règlement politique qui suivit la victoire bourguignonne. Mais avant tout historien de la guerre médiévale, il s'intéresse à tous ses aspects : préparatifs et déroulement de la campagne, sort des prisonniers, partage du butin et des rançons. Puisant ses renseignements tant aux sources documentaires qu'au récit des chroniqueurs, il offre une vision précise de l'organisation des armées et de la société militaire au début du XVe siècle et fournit à ses lecteurs un riche catalogue de pièces justificatives, pour la plupart inédites.