Gênes, aujourd'hui. Dans la chambre 914 d'un hôtel du
centre-ville, un journaliste a déplié un plan, a branché les
câbles de son ordinateur portable, de son caméscope et de
son iPod pour se repasser les événements du G8 survenus
quelques années auparavant, en juillet 2001. Cet été-là, le
besoin urgent d'oublier Angela, longtemps aimée et qu'il
venait de quitter sans explication, l'avait poussé à couvrir le
sommet de Gênes. Rien ne laissait imaginer ce qui allait se
produire.
Les images qu'il a tournées, et celles qui ont fait le tour
du monde depuis, ne cessent de le hanter : la ville barricadée,
les concerts, les militants altermondialistes, les black blocs, les
blindés et les gaz, les coups de matraque et la mort de Carlo
Giuliani, les descentes de police à l'École Diaz, les exactions,
la violence sans limite. Comment a-t-on pu basculer ainsi dans
l'horreur ?
En sourdine et dans le silence de son retour sur place, le
narrateur fait entendre le bruit et la fureur des autorités qui,
pendant quatre jours, ont bafoué la démocratie.