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Entre 1910 et 1930, Cami connut, non seulement une vogue, mais une sorte de gloire que bien peu d’humoristes ont connue. Ses œuvres furent même publiées aux États-Unis dans le Vanity Fair, ce même Vanity Fair où Robert Benchley, et tant d’autres chroniqueurs des années 30, publièrent l’essentiel de leur œuvre. Charlie Chaplin, avec lequel Cami entretenait une correspondance assidue, considérait Cami comme le plus grand humoriste du monde. Cami vit toujours : pour beaucoup de libraires — surtout pour les bouquinistes — les Cami pratiquement introuvables de l’avant-guerre sont une valeur sûre ; ils ne restent jamais longtemps en rayon et les amateurs les achètent à n’importe quel prix. C’est avouer que Cami a bel et bien existé. Il s’appelait même Henri Pierre Cami, nom de prédilection qui lui permit de signer, sans chercher, Cami à quatorze heures, des semaines camiques, des drames camiques des romans héroï-camiques. Ayant existé, on en déduit que Cami naquit à une date et en un lieu précis : à Pau, en 1884. En 1903, il entrait au Conservatoire, mais la carrière théâtrale n’apporta pas grand chose à Cami, sinon une cuvée de déboires et une inépuisable source d’inspiration. En 1910, revirement, décisif. Cami opte pour la littérature. Quel exemple pour l’histoire littéraire. Loufoque, surréaliste sans le savoir, pionnier de l’humour noir, parfois aussi burlesque et dément que les Frères Marx ou Perelman, fanatique du non sens à son insu, Cami est vraiment l’écrivain-orchestre qui ne pensait, en toute innocence, n’avoir qu’une seule corde à son arc.