Max Aub (1903-1972) fut un éternel exilé. Né à Paris, il passe sa jeunesse en Espagne où il se lie à l'avant-garde intellectuelle (García Lorca, Buñuel et Dali), avant d'être le commanditaire du Guernica de Picasso, en tant qu'attaché culturel de la République espagnole à Paris, et de participer à Sierra de Teruel, le film de Malraux.
Interné par Vichy en 1941, Max Aub réussit à gagner le Mexique où il se consacre à une oeuvre littéraire protéiforme, encore méconnue en France.
Le cycle romanesque Le Labyrinthe magique, composé entre 1939 et 1968, est une fresque de six volumes sur la tragédie de la guerre civile espagnole.
Nous proposons ici, grâce à la traduction de Claude de Frayssinet, la première édition en français.
« C'est en Espagne que les hommes ont appris qu'il est possible d'avoir raison et cependant souffrir la défaite.
Que la force peut vaincre l'esprit et qu'il y a des moments où le courage n'a pas de récompense. C'est sans doute ce qui explique pourquoi tant d'hommes dans le monde considèrent le drame espagnol comme un drame personnel. »
Albert Camus
Ce sixième et dernier volet du cycle est le récit des derniers jours de la guerre civile espagnole. Nous assistons à la défaite de l'armée républicaine, à la déroute de milliers de personnes, plus ou moins compromises, craignant pour leur vie.
Cherchant à fuir l'avancée des troupes franquistes, des familles entières se replient sur le port d'Alicante ; ils attendent des bateaux anglais et français qui n'arriveront pas. La mer se transforme en muraille. Le 1er avril est la date fatidique qui marque la fin de la guerre et scelle le sort des « perdants ». C'est un temps de dissolution, de décomposition, c'est le deuil d'un monde perdu irrémédiablement.