Une ancienne ferme en Andalousie. Un homme s'éveille, un cinéaste, dans cette région désertique où il tourne un film censé se passer, en partie, dans la Palestine du XIIe siècle. Le héros est un adolescent, Baudouin IV, roi lépreux de Jérusalem... Depuis quelques jours, le tournage est interrompu : un plan de mains, d'apparence très simple à filmer, n'a pu être achevé. La prise impossible fait que, soudain, le réel tout entier va basculer. Le roman de Jacques Henric, où les arts de la figuration - sculpture, peinture, photographie, cinéma - sont pris en charge par l'écriture, mêle histoire ancienne et événements contemporains (croisades, actuelle guerre du Liban), héros fictifs et personnages réels (Cervantès, Rodin, Fernandel, Bataille, Picabia, Jane Birkin). On ressent, d'un bout à l'autre du livre, qu'une malédiction pèse sur l'homme : l'exigence de se représenter, l'impossibilité d'y parvenir. Y a-t-il, se demande Jacques Henric, d'autres souffrances que celle-ci, d'autres tragiques échecs que celui-ci ? Car elle s'en va la figure du monde est un roman à l'image du monde qui nous entoure : seule l'ironie parvient à en atténuer la grande brutalité. La question centrale du livre étant celle de la représentation des corps, une certaine crudité sexuelle était inévitable. L'auteur ne juge jamais : il se contente de nommer le visible avant qu'il disparaisse. Dans la foulée de saint Paul, c'est sa manière de lui rendre, à ce visible, justice...