« L'ordinateur diffuse le film que tu ne regarderas plus. Sur l'écran, il ne me reste que les mots pour tenter de redessiner, en transparence, le reflet de ton visage. »
Ce très beau film, « quelle ne regardera plus », est L'Amour existe, de Maurice Pialat. Parce qu'il fut prélude à leur rencontre, le narrateur en tresse ici le récit avec cet autre, celui de leur courte vie ensemble, interrompue par son geste, à elle. Pialat filme la banlieue de leur enfance : Il n'a pas fait bon rester là, emprisonné, après y être né. Quelques kilomètres de trop à l'écart, commente la voix off (de Pialat). Trente ans après, eux aussi, ont connu les rues lentes et silencieuses...
Contre l'oubli, le livre se remémore. Le cinéma devient texte, et le récit de vie fait image au creux de l'absence. De leurs réalités mêlées émane une grâce lumineuse échappée de la grisaille de ces paysages pauvres.