Pour présenter, en 1984, sur cette espèce de colonne Morris qu'est une «quatrième de couverture», la première Semaison, je l'ai définie comme «un recueil de graines légères, pour replanter, essayer de replanter la "forêt spirituelle"».
Il y a encore, heureusement, quelques graines de ce genre, lumineuses, dans ces récents carnets ; des clartés reçues pas seulement du monde, mais aussi d'écrivains fort divers comme La Fontaine, Goethe, Maurice de Guérin, Claudel, et d'autres bien vivants ; mais y pèse aussi, plus large sans doute à cause de l'âge, une part d'ombre surgie des rêves, comme pour être mieux accordé, sans complaisance j'espère, au temps présent.
L'essentiel tout de même, je voudrais le voir de préférence en telle brève note comme celle-ci : «Herbe vue à contre-jour, naissante encore, peu dense, fine et droite : presque un filtre, une harpe... ou, tout près de la terre, ma dernière lyre. Pour faire entendre la lumière du soir qui est comme dorée, dans les rafales du vent déjà froid.»
Ph. J.