Dans les années 30, Paul Reynaud fut l'un des rares hommes politiques à dénoncer les faiblesses et les impasses de la France, en particulier dans le domaine militaire, et c'est beaucoup trop tard (le 21 mars 1940) qu'il fut appelé au pouvoir.
Vichy ne pouvait dès lors que vouer aux gémonies l'avant-dernier président du Conseil de la IIIe République, qui s'était farouchement opposé à tout armistice : arrêté dès le 6 septembre 1940, il fut interné en France avant d'être livré à l'occupant en novembre 1942 et de passer encore deux ans et demi en captivité sur le sol même du Reich.
Totalement inédits à ce jour, les carnets qu'il rédige durant cette période noire et auxquels il livre ses méditations sur les événements récents, sur les informations - partielles et partiales - qui lui parviennent, sur ses entretiens avec ses compagnons de détention (Mandel, Jouhaux, Daladier, Michel Clemenceau, Weygand, etc.), sur sa vision de l'avenir constituent un document précieux entre tous sur la guerre, sur Vichy et aussi bien sûr sur Reynaud lui-même. Celui-ci s'y montre, en dépit de conditions de vie très dures, un démocrate indéfectible et un patriote inflexible, un homme d'Etat et un humaniste authentique.