Les Carnets de guerre 1914-1918 constituent
la face cachée d'Orages d'acier,
qui, pour André Gide, était «incontestablement
le plus beau livre de guerre»
qu'il ait jamais lu. Écrits directement
dans le feu de l'action, ces quinze petits
carnets d'écolier nous révèlent la matière
brute sur laquelle Jünger se livra, une
fois la paix revenue, à un savant travail
de réécriture.
Fort peu de témoins sont restés autant
d'années que lui en première ligne des
combats, sans jamais cesser de prendre
des notes d'une acuité stupéfiante. Sept
fois blessé, Jünger a pu relater avec une
objectivité volontairement glaciale les
souffrances du fantassin.
Ce témoignage sans fard d'un engagé
volontaire de dix-neuf ans ne cache rien
des horreurs de la guerre. Mais il ne dissimule
pas non plus l'enthousiasme de
départ, la joie de se battre et le délire
meurtrier qui s'empare des hommes au
moment de l'assaut. D'où l'incontestable
intérêt historique et documentaire de ces
carnets qui révèlent également des aspects
inconnus de la personnalité complexe
d'Ernst Jünger.