Les Carnets figurent au premier plan de l'oeuvre thomasienne,
ayant nourri non seulement des livres, mais aussi les articles
publiés dans La Nouvelle Revue française. Aux poèmes et aux
récits s'ajoutent maintenant des pages écrites entre 1934 et 1951,
découvertes il y a dix ans dans un grenier d'Asnières au cours
d'une recherche entreprise dans le cadre universitaire. Ce sera
au lecteur de décider s'il s'agit d'un abandon volontaire de
l'auteur ou d'un simple oubli.
Ce dossier serait-il, à partir d'une douloureuse expérience
personnelle, ni plus ni moins qu'une tentative pour approfondir
le mystère du rapport entre l'Homme et la Femme ? Face aux
pièges de la condition humaine, on y trouve, tracées, les grandes
lignes d'une stratégie de défense.
Thomas s'interroge sur les règles du jeu et en arrive aux
conclusions suivantes : d'abord que «c'est une erreur de voir dans
une femme (ou un homme) un remède à la solitude» ; et ensuite
que «le seul être dont on doive attendre quelque chose, c'est soi-même
[...] On doit seulement souhaiter que les autres donnent
l'occasion d'offrir ce qu'on a, soi, ce qu'on crée pour eux».
Ce choix de l'écriture comme sacerdoce assure au personnage
de Thomas une réelle singularité. S'il a quitté ce monde il y a plus
d'une décennie, sa voix n'en continue pas moins d'exercer une
vraie séduction. Ces pages, inédites et poignantes, ne font qu'en
confirmer la pertinence.
J. L.