L'homme se redressa sur la banquette, Gabriel
le vit en pleine lumière. Et il vit qu'il ne mentait pas.
Oh nom de Dieu ! El Comandante... Bordel !
Fidel Castro.
En chair et en os.
Qui lui tendait la main.
Qui lui serrait la main - le tremblement ne lui
échappa pas -, sa main à lui, Gabriel Lecouvreur.
Le temps avait fait son oeuvre, certes. La barbe poivre
et sel était plus clairsemée, seuls les sourcils avaient
gardé leur ligne implacable. Les yeux cernés. Les lèvres
un peu flasques. L'homme était devenu un vieillard.
Mais c'était bel et bien lui. Fidel Castro Ruz.
Le poulpe est un personnage libre, curieux, contemporain.
C'est quelqu'un qui va fouiller, à son compte, dans les failles
et les désordres apparents du quotidien. Quelqu'un qui
démarre toujours de ces petits faits divers qui expriment,
à tout instant, la maladie de notre monde. Ce n'est ni
un vengeur, ni le représentant d'une loi ou d'une morale,
c'est un enquêteur un peu plus libertaire que d'habitude,
c'est surtout un témoin.