Pourquoi la notion de «risque», issue des domaines de la
navigation et du jeu, peut-elle aujourd'hui s'appliquer à des
actions aussi diverses qu'implanter une maison sur les flancs
d'un volcan, avoir des rapports sexuels non protégés ou manger du
poulet ? Depuis les années 1970, le «risque» est un moyen parmi
d'autres de traiter l'incertitude diffuse qui gagne notre monde.
Jusqu'alors, le terme de «catastrophe» suffisait à appréhender les
multiples variantes des phénomènes ponctuels de paroxysme.
De désastres en fléaux, de sinistres en calamités, l'Occident s'est
représenté les catastrophes suivant un cours complexe dont François
Walter explore les méandres. Pourquoi l'âge classique redoutait-il tant
le passage des comètes et leurs présages ? Qu'est-ce qui pousse le
siècle des Lumières à se laisser fasciner par le spectacle des éruptions
volcaniques ? Prométhéen, le XIXe siècle l'est-il vraiment qui semble se
résigner à la succession des catastrophes industrielles et minières ? Et
que dire de la déréliction du dernier siècle confronté aux catastrophes
morales absolues, Auschwitz et Hiroshima ?
Loin du schéma réductionniste selon lequel nous serions passés d'une
société de la fatalité à une société de la sécurité, François Walter
s'attache à mesurer la contribution des images et des discours aux
climats anxiogènes. Il montre que la culture du risque se nourrit toujours
à des sources symboliques, à plus forte raison quand règne l'idéologie de
la précaution et du développement durable, à l'ombre d'une catastrophe
écologique annoncée.