Ellè : On ne va pas rester là, comme ça. Pose-toi quelque part. Tu as drôlement poussé depuis que tu es parti, non emmené ; depuis que tu as été emmené par... depuis qu'on t'a emmené.
Ilènoir : Je n'étais pas parti. On ne peut pas dire « parti » pour l'enfant que sa mère a vendu.
Ellè : Tu lui en veux, c'est ça ?
Ilènoir : Non, pas du tout.
Ellè : Tu te tourbillonnes une éternité de haine dans le ventre.
Ilènoir : Non pas de haine.
Ellè : Pourquoi es-tu revenu ?
Ilènoir : ...
Ellè : Tu ne parles pas ?
Ilènoir : La guerre, partout ici, Pourquoi ?
Une reine déchue accepte une purge symbolique pour que peut-être son continent renaisse du désastre... Figure multiple, la reine Ellè est en même temps prostituée de quartier, misérable fille-mère et matriarche tyrannique, étoile fugitive en même temps que caillou jeté dans la poussière. Ses trois fils, Ilèfou, Ilèki, Ilènoir, abandonnés, exilés ou livrés à la rue, viennent à tour de rôle lui demander des comptes et se purger eux-mêmes d'une naissance ratée sur un continent à l'abandon. La cour de la famille royale est réduite à deux clowns, un grand prêtre et un photographe, qui encadrent l'action et préparent le public avant que se déroule la cérémonie, car c'est à un rituel vaudou que nous invite Gustave Akakpo.
Et cela n'est pas la moindre des surprises que nous réserve Catharsis ! Gustave Akakpo nous guide dans « son » Afrique à travers l'expérience initiatique. Des palabres préliminaires à la danse sacrée puis à la purification, nous participons à un théâtre à la fois comique, religieux, irrévérencieux, au cours duquel la langue de Gustave passe par tous les états d'exaltation, de dépression et de renaissance. Renaissance de la « négré-ité » comme il aime à le dire, en écho à la « négritude » du grand Césaire.