Né à Odessa dans une famille de commerçants juifs, Isaac Babel (1894-1940) commence à écrire pendant ses études. Gorki le remarque et publie ses premiers textes en 1916. Épousant les révolutions de Février et d'Octobre 1917, il s'engage dans l'armée Rouge en 1920 et prend part à la campagne de Pologne au sein de la Ve armée de cavalerie de Boudionny. De cette expérience naîtront les récits de Cavalerie rouge, recueil publié en 1926. Écrivain reconnu, il est très tôt victime des Grandes Purges : arrêté en mai 1939, il est fusillé en janvier 1940. Ses oeuvres seront censurées jusqu'à sa réhabilitation, en 1954. Plusieurs traductions françaises de Cavalerie rouge ont paru - la première, de Maurice Parijanine, date de 1928; en 2011, dans le cadre des Oeuvres complètes d'Isaac Babel, on découvrait celle de Sophie Benech. Mais en 1972, à L'Âge d'Homme, paraissait celle de Jacques Catteau, qui fait figure de phénomène.
Car sa traduction est une oeuvre à part entière : il a su manier la langue d'arrivée avec ce qu'il faut de force poétique pour faire entendre les richesses stylistiques de la langue d'origine. Quitte à s'aventurer hors des usages : il y a quelque chose de rimbaldien dans l'écriture de Jacques Catteau ; échevelée, elle s'oralise, galope, sabre, invente... et fuse débridement jusqu'à l'ivresse dans ses plus fortes envolées. Le souffle épique est là qui fait vibrer les lignes - ce n'est pas un hasard si le traducteur lui a consacré l'étude par laquelle il clôt son oeuvre, « L'épopée babélienne ».
Allons, en selle ! Il est temps de redécouvrir Isaac Babel, sous la houlette de l'un des plus éminents slavistes français...